Utilisé à foison pour multiplier les rencontres éphémères, explorer de nouveaux fantasmes, s’amuser après une rupture ou regagner confiance en soi grâce au jeu de la séduction, Tinder souffre aujourd’hui d’une réputation de nid à plan cul. Mais l’application est ce que l’on en fait, et avec un peu d’implication et de patience, il est tout à fait possible d’y rencontrer l’âme sœur.
Il est de bon ton de cracher sur Tinder. L’ application est décriée pour sa légèreté, son manque de sérieux. Tu cherches un plan cul ou un coup d’un soir ? L’appli à la flamme est là pour toi. Tu cherches une relation plus impliquée ? Cherche ailleurs. Trouver l’amour sur Tinder serait mission impossible, la faute à un système de matchs qui favorise les rencontres sans engagement. Mais cessons l’hypocrisie cinq minutes. On est bien contents de choper une relation légère en quelques swipes lorsque le besoin de rebooster son ego ou de combattre la solitude se fait sentir.
Soyons honnêtes, quelles que soient nos croyances sur « la vraie rencontre », qui n’a jamais pensé ou cédé à l’idée de s’inscrire sur Tinder ? Bien que certains profils affichent encore des « nouvelle ou nouveau sur l’application » ou « pas convaincu.e mais qui sait… », la pseudo-gêne des débuts masque presque toujours l’excitation de l’inconnu. Et c’est là que le paradoxe Tinder mène la danse. Tout part d’une bonne intention ou presque, et pourtant, très vite, les échanges avec des Don Juan et sirènes nous poussent au challenge, à dévoiler nos interdits, à tester les « Et Si » et à s’éloigner bon gré mal gré de rapports politiquement constructifs. La faute réellement à l’application ou à l’indécision de chacun ?
La pseudo-gêne des débuts masque presque toujours l’excitation de l’inconnu. Et c’est là que le paradoxe Tinder mène la danse.
Rebooster sa confiance en soi
À la sortie d’une longue relation, lorsqu’on ne se sent pas prêt à se livrer et à plonger dans quelque chose de sérieux, que l’on s’est peut-être brûlé les ailes et que l’on a besoin de regagner confiance en soi, de se laisser happer par les bienfaits de la légèreté, la magie Tinder opère pour nous aider à tourner la page, expérimenter et se laisser aller. Bien évidemment, on garde l’espoir de faire la rencontre qui rendra notre passage « éclair » sur l’appli.
On connaît tous des couples solides qui se sont rencontrés sur Tinder. Mais la majorité des utilisateurs y sont abonnés aux relations sans lendemain, soit parce qu’ils se sont involontairement laissé distraire par l’insouciance et l’ambiance « sans prise de tête » de l’application, soit par choix, comme ce fut le cas pour Victoire : « Après 7 ans en couple, j’avais envie de m’amuser, de découvrir, de regagner confiance en moi, confie la jeune femme de 35 ans. Adopte un mec, Tinder, Bumble, c’était simple. J’assumais plus facilement le fait de ne pas vouloir me poser. J’échangeais avec le mec et de fil en aiguille, la conversation devenait plus chaude, il était évident que nos intentions étaient les mêmes. Dans un bar, une boîte, je n’aurais jamais réussi à me libérer de la sorte ».
C’est bien la chose la plus étrange avec ces relations d’un soir made in Tinder : ce sentiment d’être libre. Libre d’oser plus, d’avoir moins de limites, d’explorer des choses inconnues. « Clairement, j’écoutais mon corps, mes envies et je n’avais pas peur de demander à ce que l’on s’occupe de moi. Comme si je reprenais le contrôle. Le plaisir de l’autre m’importait, mais je ne faisais plus passer le mien au second plan », nous livre Clem, 30 ans. Après avoir exploré ses fantasmes et tester se limites, Clem a fini par quitter Tinder. Elle confie cependant avoir adoré cette période d’effervescence sexuelle qui lui a permis d’assumer beaucoup plus facilement son corps et ses envies.
Trouver l’amour
C’est un phénomène assez classique sur Tinder : on s’amuse, on flirte, on expérimente… puis on se lasse. Une étape qui signe souvent le moment où l’on se sent prêt pour construire une vraie relation. Premier réflexe : chercher la perle rare sur ces mêmes applis… et découvrir alors, que, comme dans la vie, il est bien plus compliqué de trouver l’âme sœur qu’un plan d’une nuit. Nos exigences sont plus élevées et l’on sait qu’il nous faudra bien plus qu’un rendez-vous.
Il faut aussi se déshabituer de la facilité d’un coup d’un soir, et on finit bien souvent par perdre patience. « Au bout d’un mois, d’une vingtaine d’échanges virtuels et quelques rendez-vous, j’ai perdu espoir, confirme Victoire. Entre les mecs qui ne savaient pas ce qu’ils voulaient, ceux qui ne répondaient jamais aux messages après un match, ceux qui voulaient clairement un one shot ou un plan cul régulier et moi noyée dans ce « trop-plein », j’étais frustrée. J’ai donc dit adieu à mes applis qui m’avaient néanmoins permis de regagner confiance en moi. »
Mais Tinder n’est pas là uniquement pour rebooster notre ego. Avec un minimum d’implication, il est tout à fait possible d’y faire de belles rencontres. C’est le cas de Chloé, 34 ans, qui, désespérée de ne rencontrer personne à Paris, s’est décidée il y a presque six ans à s’inscrire sur Tinder. « Toutes mes amies, qui souhaitaient pourtant trouver l’amour, y ont rencontré un sexfriend ou des coups d’un soir, elles me disaient toutes que les mecs ne cherchaient que du sexe sans histoire, se souvient la jeune femme. Mais je voulais une vraie histoire d’amour et je voyais Tinder comme l’opportunité de rencontrer quelqu’un que je n’aurais peut-être jamais croisé dans la vraie vie, alors j’ai tenu bon : j’ai indiqué sur mon profil que je ne cherchais qu’une relation sérieuse et je n’ai liké que des profils de mecs qui indiquaient la même chose. J’ai vu passer des mecs magnifiques, mais devant leurs « ici pour s’amuser » je zappais direct. » Résultat, au bout de quelques semaines sur l’application, Chloé matche avec Arthur. Après plusieurs rendez-vous où ils apprennent doucement à se connaître, les deux tourtereaux mettent les choses au clair : « On a eu LA discussion, celle qu’on ose rarement avoir au début d’une histoire mais qui rend les choses tellement plus simples, explique Chloé. On s’est dit l’un à l’autre qu’on se plaisait, qu’on était prêt à tenter le statut de couple, que la relation était exclusive et qu’on allait tous les deux jouer le jeu à fond, car on sentait que cela pouvait donner quelque chose de bien. »
« On s’est dit l’un à l’autre qu’on se plaisait, qu’on était prêt à tenter le statut de couple, que la relation était exclusive et qu’on allait tous les deux jouer le jeu à fond, car on sentait que cela pouvait donner quelque chose de bien.«
Chloé, 34 ans.
Et pour cause, le couple vient de se fiancer ! « Je remercie tous les jours Tinder grâce à qui j’ai rencontré l’amour de ma vie, plaisante Chloé. Je sais que c’est compliqué de résister à la facilité et au réconfort instantané des coups d’un soir, mais je pense sincèrement que si l’on s’en tient à ses envies profondes, on peut y rencontrer son âme soeur. C’est une question de persévérance. » Car on a tendance à l’oublier, mais on reste maître du jeu sur ces applications. Si l’on arrive à poser ses limites, à prendre de la hauteur et à ne pas être trop impatients, Tinder permet de retrouver l’élan qu’il nous manquait, de faciliter les rencontres, et pourquoi pas, de trouver l’amour.
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