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Le fléau de la solitude amoureuse

24 août 2020

D’un célibat qui s’éternise à un sentiment d’abandon alors même que l’on est en couple, la solitude amoureuse touche tous les âges et tous les profils. Une solitude qui affecte l’estime de soi et le moral, mais qui n’a rien d’une fatalité.

« Ma femme est morte il y a 7 ans. J’ai mis du temps à faire mon deuil et quand je me suis senti prêt à retrouver l’amour, je me suis retrouvé démuni, incapable de savoir comment rencontrer quelqu’un. Je me suis inscrit à un club de randonnée dans l’espoir de rencontrer une femme ayant les mêmes centres d’intérêt que moi, mais ça n’a pas marché. Depuis, je ne vois plus personne à part mes amis proches. ». Il le reconnaît lui-même, aujourd’hui, Pascal, 57 ans, comptable, a « lâché l’affaire ».

Depuis, je ne vois plus personne à part mes amis proches.

Pascal, 57 ans

Comme Pascal, de nombreuses personnes, quel que soit leur âge, leur mode de vie ou encore leur profession, souffrent de solitude amoureuse. Selon une étude de la Fondation de France parue en 2013, plus de cinq millions de Français de plus de 18 ans déclarent subir la solitude. Une tendance inquiétante qui ne va qu’en s’accentuant. Parmi eux, certains manquent d’amis ou de voisins attentionnés, mais la plupart pâtissent d’une vie amoureuse solitaire.

Provoquer la rencontre

« En l’état actuel des choses, il faudrait un miracle pour que je rencontre l’amour. Comme dans les films romantiques, il faudrait qu’elle tombe en panne devant ma maison, où que l’on se bouscule dans la rue, confie Pascal. Je sais que je ne fais plus aucun effort et que, forcément, rien ne va se passer, mais après m’être battu pendant des années, je suis épuisé, abattu, vexé aussi. J’ai l’impression que tout le monde est heureux en amour autour de moi et que je suis le seul à ne pas y avoir droit. ». Perte de confiance en soi, rancœur, tristesse, la solitude amoureuse impacte fortement le bien-être moral et psychologique. Après la perte de l’être aimé, qu’il s’agisse d’une rupture ou d’un décès, la tristesse et une sensation de vide s’imposent. Rien de plus normal puisque la tristesse, au contraire de la dépression qui nous enferme dans une spirale négative, fait partie des étapes nécessaires pour réussir son deuil amoureux et tourner la page. Plutôt que de chercher à la fuir à tout prix, il est important d’accepter cette tristesse qui permet de progresser vers l’acceptation de la réalité et de se retrouver. Ne pas hésiter alors à être égoïste, à se préoccuper de soi, de ses besoins, de ses envies. Une période de tristesse est un moment de désinvestissement de l’extérieur et d’investissement de soi. 

Être seul à deux

Un investissement de soi que chacun devrait faire, seul ou à deux. Car au-delà de la solitude ressentie après une perte ou lors d’une longue période de célibat, la solitude peut survenir au sein même du couple. Dans un monde ultra-connecté, la communication s’est superficialisée et tisser des liens en profondeur s’avère parfois plus compliqué que prévu. Bastien, 40 ans a senti l’attachement entre lui et son compagnon s’effriter au fil du temps, alors même qu’ils avaient eu un coup de foudre l’un pour l’autre : « Avec Yvan, on s’est rencontré par hasard, en vacances. On a vécu trois ans de passion avant peu à peu de s’éloigner, confie-t-il. Ce n’était pas intentionnel de notre part, mais une fois la phase de lune de miel passée, on s’est aperçu qu’on ne prenait plus le temps d’échanger, de se retrouver, de dialoguer, et qu’on vivait l’un à côté de l’autre, sans partager grand chose. On a fini par en discuter il y a quelques mois et on a réalisé que l’on se sentait chacun abandonné par l’autre. C’est étrange d’être seul à deux. »

Si Bastien et Yvan travaillent aujourd’hui à renouer le lien, beaucoup d’autres personnes éprouvent ce sentiment d’être seul au milieu des autres, au-delà même de la sphère amoureuse. C’est le cas notamment de nombreuses personnes âgées qui, souvent isolées, et parfois dépassées face aux nouvelles méthodes de communication, souffrent pour beaucoup d’un sentiment profond de solitude ou d’abandon. Pour les plus jeunes, plus à l’aise avec l’évolution de la société et des nouvelles technologies, c’est le flux constant d’informations et d’échanges aseptisés qui créent un vide, un manque de profondeur et d’intimité. L’avènement des sites et applications de rencontre qui favorisent les liens éphémères et superficiels, en est l’exemple type. Alice, étudiante de 25 ans en a fait les frais : « J’ai essayé je ne sais combien d’applications et de sites. À chaque fois, je tombais soi sur des mecs qui ne recherchaient que du sexe sans attaches, soi sur des mecs avec qui ça marchait au début, mais à qui je n’avais rien à dire au bout de quelques messages. C’est frustrant, on voit défiler ces milliers de profils en se disant que forcément vu le nombre, on va trouver quelqu’un, et au final, on va de déconvenues en déconvenues… On se sent encore plus seule. »

Finalement, c’est grâce à une amie qu’Alice a fini par retrouver l’amour après trois ans de solitude. « Malgré les passages à vide, je continuais d’y croire, je continuais de sortir faire la fête, de voir mes amis, de rencontrer des amis d’amis et c’est comme ça qu’un beau jour, en rejoignant une copine pour boire un verre en terrasse, j’ai rencontré son cousin, Maxime. Six mois que l’on est ensemble et tout est au beau fixe. Comme quoi, il ne faut jamais rien lâcher, la bonne personne nous attend forcément quelque part ! »

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