Couple Émotions & Sentiments Épanouissement personnel Rupture

Quand la charge mentale pèse sur le couple

28 septembre 2020

Tâches ménagères, devoirs parentaux, planning de courses, la charge mentale peut étouffer de nombreuses femmes. Mais comment éviter que son couple n’en pâtisse ?

Charge mentale. Deux petits mots propulsés depuis quelques années sur le devant de la scène, grâce notamment au travail de la dessinatrice Emma. Dans ses dessins, elle illustre à merveille cette charge cognitive, qui englobe l’organisation de tout ce qui se déroule dans la sphère domestique : tâches ménagères, plannings de courses, devoirs des enfants… La charge mentale incombe, le plus souvent, en très large partie, aux femmes. Pour rappel, même si des solutions existent pour rétablir l’équilibre, les femmes réalisent encore 72% des tâches ménagères, et 65% des tâches parentales.

Les études de genre et les féministes ont depuis longtemps démontré que cette charge mentale était une conséquence directe de nos sociétés patriarcales. La femme est assignée aux tâches domestiques ou relatives à l’éducation des enfants par un jeu de construction sociétal qu’il est urgent de démonter. Mais si la société est la cause première de cette charge mentale, chacun et chacune peut agir pour s’en débarrasser et surtout pour ne pas la laisser détériorer son couple. Oui, oui, c’est possible !

Selon une enquête de 2019, plus de 48% des femmes déclarent en effet se disputer avec leur conjoint au sujet de la charge mentale. Car cette charge invisible peut être à l’origine d’une sensation de spirale infernale qui ne fait qu’alourdir et confirmer le sentiment négatif que le couple est dur à concilier avec les contraintes de la vie courante. Le couple est un travail au quotidien. L’accord parfait n’existe pas, sans test, sans ajustement permanent. Pour que tout fonctionne, il faut y mettre du sien. Pris dans l’engrenage, la fatigue, la routine, certains l’oublient et laissent, contre leur volonté, les choses s’empirer.

Le couple est un travail au quotidien. L’accord parfait n’existe pas, sans test, sans ajustement permanent. Pour que tout fonctionne, il faut y mettre du sien. Pris dans l’engrenage, la fatigue, la routine, certains l’oublient et laissent, contre leur volonté, les choses s’empirer.

Comprendre l’autre

Ce fut le cas pour Vanessa, 29 ans, qui se souvient des conflits avec son ex : « Il ne faisait pas grand chose à la maison et quand il le faisait, il réclamait des remerciements ou de l’attention que moi, qui me tapais tout le ménage ou la cuisine au quotidien, ne récoltais jamais! » Usée par ce quotidien inégalitaire, au bout de trois ans de vie commune, Vanessa entre alors dans une guerre de tranchée. « Je ne laissais plus rien passer. J’ai accroché un planning sur le frigo, je hurlais dès qu’une chaussette traînait. Mais rien ne changeait. Il essayait une semaine et après, il retombait dans ses travers. Ça nous a tué. », admet la jeune femme qui s’est séparé de son compagnon il y a un an.

Pour éviter d’en arriver là, il est important d’évoquer les points de désaccords assez tôt, de prendre le temps de communiquer, de répéter si nécessaire et non de reprocher. Bien souvent, on laisse passer certaines choses en pensant que l’autre prendra conscience tout seul de ce qu’il faut ou doit faire. On encaisse, on prend sur soi puis un jour on explose en imaginant systématiquement que l’autre se fout de nous, que nous n’avons pas « assez » de valeur à ses yeux. C’est à travers une bonne conversation, que l’on apprendra davantage à connaître son partenaire, sa vision et son fonctionnement. Ce ne sont pas tant les divergences d’opinion qui créent des disputes, mais le manque de compréhension de l’autre. Que l’on soit une femme ou un homme, on reproche souvent à l’autre de ne pas faire naturellement les choses, mais ce qui est naturel pour l’un ne l’est pas nécessairement pour l’autre, et tout changement demande du temps. On ne peut pas attendre de miracle du jour au lendemain. Selon une théorie -controversée- du docteur américain Maxwell Maltz, il faut au moins 21 jours pour se débarrasser d’une vielle habitude et en adopter une nouvelle. Encore un nouveau challenge à relever mais ça vaut le coup d’essayer !

Valoriser les efforts

« Depuis que je vis à deux, j’ai découvert qu’apparemment je ne sais ni faire le ménage, ni faire la vaisselle, ni faire la cuisine, admet Valentin, 34 ans. Ma mère a toujours tout fait à la maison et quand je suis parti de chez mes parents, j’ai géré à ma manière. Visiblement, ce n’est pas suffisant pour ma copine qui a une exigence très élevée concernant des trucs comme la poussière ou les carreaux. J’essaye de faire de mon mieux, mais j’ai la sensation que ce n’est jamais assez bien », confie le jeune homme en couple depuis deux ans. « Elle a beau m’expliquer, elle voit des détails que je ne vois pas, et dont je ne me soucie pas. Ça me rend fou, car je ne veux pas être le mec qui laisse sa femme faire le ménage. Je ne suis pas un vieux macho des années 50 !», soutient Valentin qui se sent « fliqué » par sa copine.

C’est la méthode contre-productive du « si c’est pour le faire comme ça, laisse tomber, je le ferai moi» qui pousse certaines femmes à contrôler les faits et gestes de leur conjoint… et à les braquer. Au contraire, valoriser davantage les hommes sur leurs « méthodes » les aiderait à gagner en confiance et à trouver leur place plus facilement. Pour réussir à trouver un équilibre, il faut accepter que l’autre gère les choses différemment de nous et que l’un ne détient pas le savoir. D’autant plus que le niveau d’exigence lié à la sphère domestique augmente lorsque l’on est en couple. Célibataires, nombreux sont celles et ceux qui tolèrent leur joyeux bordel, mais une fois à deux, le simple fait que l’autre ne fasse pas la vaisselle directement après le repas ou oublie d’acheter des fruits en rentrant du boulot suffit à déclencher une engueulade.

Valoriser davantage les hommes sur leurs « méthodes » les aiderait à gagner en confiance et à trouver leur place plus facilement. Pour réussir à trouver un équilibre, il faut accepter que l’autre gère les choses différemment de nous et que l’un ne détient pas le savoir.

À ne pas négliger non plus, la pression extérieure, en particulier celle liée au travail, qui envahit le couple. Quand un patron demande une présentation last minute à boucler pour le lendemain, forcément on répond à sa demande, on s’adapte et on accumule du stress. Un stress que l’on décharge dans la sphère privée, notamment sur son ou sa partenaire. Il est donc nécessaire de prendre de la hauteur et cibler ce qui pollue vraiment l’équilibre du couple. Ce n’est bien souvent pas juste le conjoint ou la conjointe ; parfois cela concerne tous les pans de vie.

Rester uni

Heureusement, la charge mentale n’est pas nécessairement le fossoyeur des belles histoires. Certains couples réussissent à trouver un équilibre serein, à l’image d’Emeline et Ludovic, en couple depuis 9 ans. Chez eux, pas de planning des tâches ménagères ou de disputes pour savoir qui va passer la serpillière. « Ludovic a été principalement élevé par sa mère et sa sœur, il a conscience des responsabilités liées à un foyer, explique Emeline. Du coup la répartition des tâches s’est toujours fait très naturellement entre nous. On ne tient pas un tableau des scores, chacun participe en fonction des besoins à l’instant T et aussi de ce qu’il aime faire. Par exemple, Ludovic se charge souvent de la cuisine, moi, je préfère m’occuper des lessives», confie Emeline qui dit avoir à cœur de transmettre ces valeurs d’équité à leur fils de 6 ans : « Il est important qu’il grandisse en voyant que, comme maman, papa aussi fait le ménage, la cuisine, la vaisselle… Les rôles ne sont pas figés, chacun apporte sa pierre à l’édifice. »

En plus d’être plus efficace, travailler à l’unisson plutôt que chacun séparé permet de rester connecté à l’autre.  On a tendance à trop l’oublier lorsque l’on est plongé dans une routine ou un rythme effréné, mais il est facile de n’agir que par devoir en oubliant le plaisir ou le bien-être individuel. Le sien, ou celui de l’être aimé. Or, il est primordial d’entretenir la complicité pour gérer ces moments contraignants à deux et non l’un contre l’autre, car l’un comme l’autre vivent la même chose. Faire front à deux, être solidaires et unis permet non seulement de mieux appréhender les obstacles, mais également de consolider son couple. Ainsi, d’après une étude menée par des chercheurs de l’Université de Californie auprès de plus de 5 000 participants et publiée dans le « Journal of Social and Personal Relationship », inclure le plus souvent dans son langage courant le « NOUS » serait le signe d’une relation de couple plus heureuse et qui fonctionnerait mieux que les autres. Choisir d’être en couple implique nécessairement l’utilisation d’un « NOUS » au quotidien, et comme le souligne le psychiatre Bernard Geberowicz, « ce passage du « JE » au « NOUS » est essentiel, même si chacun doit pouvoir cultiver son jardin personnel tout en vivant à deux. ».

Nous vous proposons une TO DO LIST pour casser la spirale et retrouver une routine agréable avec votre partenaire :



1. Soyez à l’écoute de vos émotions et de vos sentiments.

Votre corps est votre meilleur allié.
Osez tirer la sonnette d’alarme le plus tôt possible avant de laisser s’installer les cris, les frustrations et les rancœurs.
L’harmonie émotionnelle est clé dans un couple.

2. Communiquez et travaillez à deux 1 fois par semaine minimum, pendant 1h .

3 min

Dans un espace calme, mettez-vous face à face, genoux contre genoux.
Gardez le silence en vous regardant les yeux dans les yeux.
Respirez calmement. Cet exercice permettra de vous reconnecter.

10 min x 2

Chacun à votre tour, parlez des situations qui vous ont contrarié ces derniers jours.
Listez et identifiez cette routine pesante, donnez des détails, des situations précises.
Dissociez les tâches qui vous tiennent à coeur, les tâches de second rang des besoins fondamentaux.  
Soyez le plus concret possible.
Pendant que l’un parle, l’autre écoute, il ne l’interrompt pas.
Celui qui écoute peut noter tous les points abordés sur un papier.

20 min

Cherchez des solutions à deux car vous êtes co-responsables de votre couple.
Explorez et creusez chaque proposition sans jugement.
Chacun doit s’exprimer. Il est important de jouer le jeu à deux.
Dans cette phase, les silences et les non-dits ne sont jamais bons.
Sachez rire de toutes les solutions que vous trouverez l’un et l’autre. Rire est un anti-dépresseur naturel et communicatif.

20 min

Laissez place au changement. Osez bousculer vos habitudes.
Élargissez votre vision, ne voyez plus « petit ».
Détachez-vous de vos contraintes. Vous venez d’en discuter.
Quelle serait votre semaine idéale ?
Lâchez-vous à tour de rôle, trouvez un terrain d’entente et ciblez ce qui peut être planifié la semaine suivante.
Définissez un jour pour concrétiser une action.


3. Cultivez le plaisir et non le devoir.

Une relation se travaille pour grandir dans la bonne direction.
Il est utopique de penser que l’amour doit être fluide sans le nourrir et l’entretenir.
Dans les périodes chargées, n’oubliez pas de cultiver votre « nous »,
par des petits mots doux, des petites intentions, des surprises… 



Vous aimerez aussi